Réseau des Géographes Libertaires
Economie
Forêt et plantations forestières au Chili
Forest and Timber Plantation in Chile
La promulgation du Décret-Loi 701 (1974) sous le gouvernement militaire d'Augusto Pinochet a entraîné de profonds changements dans l'occupation et l'usage des sols dans le sud chilien. Le DL 701 encourage le reboisement sur des terrains aptes à la sylviculture et octroie des subventions couvrant entre 75 et 90% des coûts de reboisement.
Le principal changement concerne l'augmentation des grandes plantations de pins (Pinus radiata) et d'eucalyptus (Eucalyptus globulus) sur les terres déboisées mais aussi sur des zones de forêts indigènes de seconde génération (Armesto et al., 2010).
The promulgation of Decree Law 701 (1974) under the military government of Augusto Pinochet has caused profound land use and cover changes in southern Chile. The DL 701 encourages reforestation on land suitable for silvicultural activities and grants covering between 75 and 90% of the reforestation costs.
The main one concerns the increase in large-scale pine (Pinus radiata) and eucalyptus (Eucalyptus globulus) plantations on cleared land but also on areas of second growth native forests.


Evolution des plantations exotiques (1915-2007) et du cadre politico-législatif
Evolution of exotic plantations and the politico-legislative framework
De 1975 à 2007, plus de 95 000 ha par an de forêts ont été plantés (boisés et reboisés) à l'échelle nationale, pour atteindre 2,2 millions d'hectares en 2007 (INFOR, 2008). L'objectif initial était à la fois de protéger les sols érodés et d'encourager les propriétaires fonciers à boiser leurs terres. Le DL 701 s'est avéré être un moteur important des pratiques forestières intensives orientées vers le marché international de la pâte à papier.
Les impacts environnementaux et socio-économiques de la foresterie intensive dans le sud du Chili sont bien connus de la communauté scientifique. Ces pratiques génèrent de la pauvreté et l'expulsion des communautés indigènes (les Mapuches, qui signifie "peuple de la terre") (Lara, 1985; Leyton Vasquez, 2009), une perte de biodiversité (Donoso, Otero, 2005) et l'acidification des sols et des eaux (Cannell, 1999). La conversion de la forêt native en plantations forestières demeure la menace la plus importante dans cette écorégion (Cavelier, Tecklin, 2005; Echeverria et al., 2006; Altamirano, Lara, 2010).
From 1975 to 2007, more than 95 000 ha per year of forest were planted (afforested and reforested) nationally, reaching 2.2 million ha in 2007 (INFOR, 2008). The initial goal was to both protect eroded soil and to encourage the landowners to forest their land. DL 701 turned out to be a major driving force in intensive forestry practices oriented towards the international pulp market.
Environmental and socio-economic impacts of intensive forestry in southern Chile are well known in the scientific community. They include poverty and the expulsion of the indigenous population (the Mapuche, meaning “people of the land”), a loss of biodiversity (Donoso, Otero, 2005) and soil and water acidification. The conversion of native forest into timber plantations remains the most important threat in this eco-region .
La commune de San Juan de la Costa est située au nord-ouest de la 10e Région des Lacs (province d'Osorno). Même si le taux de boisement en espèces exotiques est nettement inférieur à celui mesuré dans les 8ème et 9ème Régions, l'équilibre écologique est menacé. En effet, plus de 70% de la superficie de la commune est couverte de forêts naturelles (Nothofagus pumilio, Nothofagus dobeyi, Fitzroya cupressoides). L'écorégion de la forêt valdivienne est l'un des écosystèmes prioritaires pour la conservation dans le monde en raison de sa riche diversité, de son degré d'endémisme et de son état de conservation critique (Nahuelhual et al., 2007).​
The municipality of San Juan de la Costa is located in the northwest of the 10th Lake Region (province of Osorno. Even if the rate of afforestation with exotic species is considerably lower than those measured in the 8th and 9th Regions, the ecological equilibrium is threatened. Indeed, more than 70% of the municipality’s area is covered by native forest (Nothofagus pumilio, Nothofagus dobeyi, Fitzroya cupressoides). The Valdivian Rainforest Ecoregion is among the highest priority ecosystems for conservation worldwide due to its rich diversity, degree of endemism, and critical conservation status.
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Un autre problème majeur est celui de la propriété foncière; depuis les années 90, les terres se sont accumulées et concentrées entre les mains des grands propriétaires fonciers et des compagnies forestières. Le secteur forestier est dominé par quatre sociétés: Forestal Tornagaleones S.A. (Nueva Group), Forestal Anchile Ltda. (Daio Paper Corporation), Forestal Valdivia S.A. et Forestal Los Lagos S.A. (Groupe Angelini). Ensemble, ces sociétés détiennent 14 000 ha alors que 880 petits propriétaires terriens vivent sur 7 430 ha de terres morcelées.
Another major problem is that of land tenure; since the 90’s, lands have been accumulated and concentrated in the hands of major landowners and forest companies. The forestry sector is dominated by four companies: Forestal Tornagaleones S.A. (Nueva Group), Forestal Anchile Ltda. (Daio Paper Corporation), Forestal Valdivia S.A. and the Forestal Los Lagos S.A. (Angelini Group). Together, these companies hold 14 000 ha while 880 small landowners live on 7 430 ha of fragmented lands.
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La question foncière, l'absence de stratégies de développement territorial à San Juan de la Costa et le soutien au boisement par le biais du DL 701 affectent les conditions de vie des petits propriétaires fonciers et des communautés Mapuches. La commune est reconnue comme l'une des plus pauvres du Chili, avec l'indice de développement humain (IDH) le plus bas du pays en 2003 (0,510) (PNUD, 2004).
The land tenure issue, the lack of territorial development strategies in San Juan de la Costa and the support for afforestation through DL 701 affect the living conditions of the small landowners and Mapuche communities. The municipality is described as one of the poorest in Chile, with the country’s lowest Human Development Index (HDI) in 2003 (0,510) (PNUD, 2004).
